Florès et Claire 2024 - ∞

Ce travail photographique parle d’amitié et de vieillesse. Portrait d’une amitié mais aussi d’une femme de 88 ans par une femme de 30 ans, portrait d’une artiste au moment où moi-même je construis ma vie d’artiste.

Une série de photographies qui se déroule en huit clos: là où elle vit. Un appartement à l’apparence d’une roulotte noyée d’objets. Les images documentent ce lieu, retracent son passé, je photographie également Lithium, son chat, un devon rex pareil à une gargouille démoniaque. Lorsque je ramène mon appareil photo, Florès s’habille élégamment et se prête à un jeu cyclique puisqu’elle sait que ces images lui sont consacrées.

Le temps de cette série, à la fois documentaire et fictionnelle, est une réflexion en acte sur qui je suis lorsque je photographie. En tant qu’artiste, je mets en oeuvre une démarche réflexive sur ce qui me lie au réel, en approchant Florès, à partir de tout ce que je porte de rêve, de fantasme, d’imaginaire et d’inconscient : c’est aussi cela qu’aiguise le portrait, dans sa rigueur de document et de mise en scène.

Des questions en miroir interviennent également. Tout le monde confond Florès avec ma grand-mère. Elle n’a pas d’enfant. Je n’en veux pas non plus. Ce que traverse Florès comment le traverserai-je ? L’isolement, la vieillesse, le corps qui s’effondre progressivement, la peur de mourir dont elle me partage les larmes régulièrement. Que deviendra son corps de femme vieillissante? Question à laquelle mon propre corps se destine. Qu’adviendra-t-il de notre amitié à mesure que les années passeront? Comment un tel degré d’affection se tisse-t-il à l’intérieur de cet écart d’âge? Quels enjeux politiques et poétiques traversent notre lien?