«La vie des corps» 2015-2019

Ces images sont les premières d’un long travail photographique qui a fondé ma pratique autour de l’intime. À la recherche des fragments et des symboles de cet intime, je puise dans ma vie pour y extraire des images. 

 

Ici, ce qui m’intéresse, c’est de saisir ce que mon corps abrite de réflexions autour des liens affectifs: ceux que j’ai avec ma mère mais aussi mon compagnon, des amoureux.ses, mes ami.es, parfois mes chiens ou une jeune voisine souvent présente. Le quotidien est vecteur d’intime car il y a en son coeur, des silences, des rien, un dépouillement, le beau masque de soi qui ne tient plus très longtemps dès que l’on accepte d’être débordé.e par un.e autre.

 

Toutes ces images, quotidiennes et allégoriques, disent quelque chose sur le monde: l’idée de la tendresse, l’intensité, la douceur mais aussi la fugacité, la mort et la mémoire. On peut y voir un paysage de l’intime où je documente et met en scène les prises de vue. Cette dualité me permet de prélever des scènes quotidiennes d’une part puis d’en inventer de nouvelles d’autre part. C’est ainsi que j’initie les enjeux de ma relation au sujet, à l’intérieur d’un jeu profondément physique que je réalise avec le corps de l’autre ainsi que le mien.

 

Il me plaît également de confronter ces différentes relations affectives avec la complicité que j’entretiens avec ma mère. Relation dont la proximité charnelle peut se rapprocher du lien amoureux. Ce qui m’importe dans ce jeu d’ambiguïtés, ça n’est pas la charge sexuelle des images mais notre rapport au sexuel. J’aime jouer avec cette ambiguïté car le tabou de l’inceste est toujours présent alors que je viens de ce corps.

L’intime a cela de complexe, car il nous invite toujours à interroger la manière dont on se relie à soi, aux autres et au monde.